303 — See Other
Tout autour, des routes tracées pour d’autres,
des chemins validés,
des accomplissements acclamés,
des contrats signés dans le dos de mes efforts,
de ma transpiration qui a des remords —
comme l’humanité envers la terre,
qui devient jour après jour plus morte.
Moi, j’attends —
pas vraiment un oui,
pas forcément un non.
Mais juste un signe,
une ligne dans la console,
qui depuis affiche un « chargement » sur mon écran,
sans un soupçon d’espoir
de quelque chose qui me dirait au moins : try again.
Un problème dans le système ?
Non, je ne crois pas.
Plutôt un conflit dans le répertoire des priorités,
où les fichiers scripts n’ont probablement même pas eu
les permissions pour s’exécuter,
mais continuent de rester sereins,
contrairement à ceux qui sont en cache
et qui ignorent à quel moment
ils vont cesser d’exister.
Je ne suis plus certain d’avoir été ici un jour.
Peut-être qu’on m’a juste placé là,
à mi-chemin d’un rêve avorté,
ou d’un café / thé oublié en gare —
car on avait un train
qu’on ne pouvait pas rater.
Était-ce de la négligence ?
Ou juste l’ordre logique d’un monde qui trie
ce qui est utile,
et ce qui ne l’est plus.
Qui rend la nature qui le fait vivre,
la vie difficile,
afin de mieux se faciliter la sienne.
Car ce que l’homme ne peut contrôler,
il le simplifie ou l’abandonne.
On laisse derrière nous des choses chaudes
pour des destinations froides,
parce que la vie nous redirige d’aller voir autre part —
car sur le quai,
tout le monde ne pouvait pas avoir sa part.
Peut-être que je suis de celles-là :
ces vies posées, trop pleines,
ou consommées à moitié
puis abandonnées en toute vitesse.
Une ligne jamais appelée,
dans une fonction que personne ne comprend
mais qu’on préfère malgré tout mettre en commentaire —
car pourquoi supprimer,
si on peut tout simplement opprimer ?
Alors je pense à ce que j’aurais pu être —
au minimum un log de plus dans ce système
qui fait profiter les uns
sans se soucier des autres,
une instance mieux formée à partir de la classe,
ou enfin juste une version stable,
mais qui pourrait, avec un peu de chance,
encore être améliorée.
Alors je fais un POST.
Encore un.
Chaque jour, chaque nuit.
Sans réponse,
où je suis même obligé de faire un PUT…
un effort de modifier pour éviter la ressemblance,
réécrire la description,
paraître une exception,
remplir les conditions,
et recevoir une acceptation.
Ainsi, la pression continue.
Go GET the money, me disent-ils,
sans même me donner une boussole,
sans carte, ni convention à suivre.
Ils veulent probablement que je corrompe mon reflet
pour pouvoir plaire au cadre qui me regarde.
Comme si c’était un sprint —
mais où les PO ne te lisent jamais,
où les lignes d’arrivée sont pour les autres,
et où tu dois modifier à chaque fois
une version de toi-même,
pour répondre aux besoins,
et t’adapter aux silences des actions
qu’ils ont mis en cache.
Et si on écoutait enfin cette voix ?
Cette entité en nous,
qui nous parle sans arrêt,
mais qui se sent presque orpheline,
comme dans une architecture Entity-Component-System,
où Entity.303 tente de se souvenir
de ce qu’elle était avant le bug,
avant que le code ne décide à sa place.
Comme un certain Herobrine,
vue par tous,
mais reconnu par personne —
présence ignorée dans le README du monde.
Parce qu’on connaît déjà le calcul,
on a l’habitude du résultat :
404 - 101 = 303
Et le changement,
c’est Rien qu’on veut vivre sans haiNe.
C’est juste l’illusion du pas vers demain,
avec l’être d’aujourd’hui,
transformé en pire… ou en meilleur.
La page n’existe plus,
les bases non plus —
donc forcément,
une redirection est imposée.
On est redirigé par défaut,
réponse sans explication,
aucune transition claire —
juste un message :
HTTP 303
See Other
author's thought

There is no comment at the moment. Be the first to comment!