Parlons peu mais parlons mal

Je sais ce que tu penses. Tu t'imagine peut-être que je vais panser tes plaies. Tu espères que je pourrais, d'une façon ou d'une autre, te redonner l'espoir que tu as tant perdu. Tu rêves, même en secret, qu'un chevalier viendra un jour te secourir. Ne mens pas.

Les histoires qui te parlent sans cesse du bien et du mal, les récits qui narrent toujours les confits, les victoires et les chutes, les nouvelles d'exploits de ceux qui s'en sont relevés. Tu les as lus, tu les as dévoré et tu les as vénérés. Tu t'en blâmes ? Pas le moins du monde.

C'est sur l'autel des exploits que tu viens prier tous les jours avant de déposer tes offrandes : ta sueur, ton souffle, ton sang. Les Dieux, dans leur infinie bonté, n'ont jamais daigné te répondre. Mais tu t'entête à revenir. Tu cèdes tous les biens que tu pourrais tenir pour garder ceux que tu aura plus tard. Tu caresses l'espoir de jours meilleurs, parfois meilleurs que les meilleurs. N'as-tu pas l'impression de te voiler la face ?

La vérité - et c'est la seule à retenir - c'est que personne ne sera là, en haut de la colline, à t'attendre gentiment. Il n'est aucune histoire, aucune chronique dont tu joues les protagonistes. Personne n'est important, tu es insignifiant.

C'est tout.

Et si tu tiens tant à me lire, alors peut-être verras-tu, à travers toutes ces pages, que je n'ai pas tout à fait tort. Peut-être arriveras-tu à te passer des doux mensonges qui te rongent les os. Peut-être comprendras-tu où je veux en venir.

C'est tout le mal que je te souhaite.

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a flamingo HellpiM